Élan de solidarité pour le propriétaire d’un voilier échoué à Saint-Guénolé

Les Sauve­teurs en Mer ont remorqué le Gwen­nel après qu’il s’est échoué sur une plage du Finis­tère. Son proprié­taire n’ayant pas les moyens de le répa­rer, les béné­voles se sont mobi­li­sés pour lui venir en aide.

Le SNS 901 Petit Prince
Les sauveteurs sont parvenu à atteindre le voilier échoué grâce à leur scooter des mers, le "SNS 901 Petit Prince" © Patrice Touzeau

Le jour se lève ce 28 avril 2023. Vers 7 h 40, Tom Poinot, sauve­teur à la station SNSM de Saint-Guénolé- Penmarc’h, jette un coup d’oeil sur la plage de Tréguen­nec, qui se trouve devant chez lui. Il voit un petit voilier de 9 mètres de long, sous pavillon français, talon­ner et s’échouer sur le sable. Instan­ta­né­ment, il déclenche les secours en lançant un Mayday depuis son télé­phone portable et court vers le bateau, dont les voiles sont à poste*.

Debout à bord du Gwen­nel – hiron­delle, en breton –, un homme en ciré rouge d’une quaran­taine d’an­nées se tient immo­bile. Il est indemne, mais mani­fes­te­ment désem­paré ; les deux chiens dans le cock­pit semblent parta­ger son désar­roi. «  Il habite depuis plusieurs années à bord de son vieux bateau, construit en 1965, et se déplace de port en port, indique Frédé­ric Mati­vat, président de la station. Le voilier est en mauvais état, mais je comprends que c’est le domi­cile du naufragé et de ses chiens.  »

Heureu­se­ment, la météo est clémente et la coque n’a pas trop souf­fert. À 8 h 10, le canot tous temps SNS 083 Prince d’Eckmühl appa­reille depuis la station de Saint-Guénolé et arrive sur zone dix minutes plus tard. « Nous n’avons pas assez de profon­deur pour appro­cher le bateau sinis­tré, pour­suit le président. Nous envoyons l’an­nexe, qui ne peut rien faire non plus. » Alors, comment venir en aide au naufragé ?

Un sauve­teur héberge le naufragé

Les sauve­teurs décident de faire appel au scoo­ter des mers de la station, le SNS 901 Petit Prince. En quelques minutes, son pilote parvient à accos­ter le bateau et à évacuer le skip­per et ses chiens. La remise à flots peut débu­ter. Les taquets, en mauvais état, ne permettent pas de trac­ter l’em­bar­ca­tion avec un bout. Toujours grâce à l’agile SNS 901, des aussières sont passées autour de la coque et amar­rées au canot tous temps, qui réus­sit à déséchouer le voilier et à le remorquer jusqu’au port de Saint-Guénolé.

Si la coque est en bon état, le gouver­nail est brisé et doit être refait. Le proprié­taire du bateau n’en a pas les moyens. « Une véri­table chaîne de soli­da­rité s’est créée spon­ta­né­ment, se réjouit Frédé­ric Mati­vat. D’abord, le chan­tier Plas­ti­mer a mis à sa dispo­si­tion des machines et des maté­riaux aux fins de répa­rer Gwen­nel. Et Tom Poinot a hébergé le naufragé et ses chiens jusqu’à ce qu’ils puissent rembarquer ! » En mer, la soli­da­rité n’est pas un vain mot.

* En navi­ga­tion, se dit d’une voile hissée sur le mât et déployée.

Article rédigé par Philippe Payen, diffusé dans le maga­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­tage n° 165 (3e trimestre 2023)